Dure dure pour un époux abstinent, cette décision de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence, condamnant ledit époux à verser une indemnité de 10 000 euros à son ex-épouse pour l'avoir délaissée sexuellement pendant une dizaine d'années.
Cette décision, qui fera certainement jurisprudence, ouvre aux femmes d'extraordinaires perspectives pour tirer des sous des bourses d'un mari défaillant. Encore faudra-t-il réunir suffisamment de preuves, ce qui ne sera pas toujours facile.
En tout cas, une élémentaire prudence incitera donc les maris à tirer leur coup, désir ou pas, affection ou pas, au moins une fois par semaine, et sans doute deux, pour se conformer à la moyenne nationale. On pourra (on devra même) installer un équipement vidéo dans la chambre conjugale (mieux : dans le lit) afin de réunir les preuves que tout a bien été exécuté selon les règles.
Encore faudra-t-il pouvoir bander, ce qui n'est jamais assuré. C'est une question de bonne volonté, dira-t-on.
Mais la bonne volonté sera-t-elle toujours au rendez-vous ? Imaginons un époux accomplissant son devoir à contre-coeur . Quid du plaisir de l'épouse si son partenaire lui fait sentir qu'il vit ça comme une corvée, réduit l'acte à deux coups de queue vite fait, fait mine de vomir sur l'oreiller, lit son bréviaire (ou le journal) pendant le coït et autres facéties ?
J'ai eu un arrière-grand père à qui cette mésaventure ne serait jamais arrivée. A l'instar de je ne sais plus quel personnage de Giono, il avait de longue date imposé à son épouse l'usage de la chemise de nuit à trou. Deux soirs par semaine, après avoir mûrement ruminé l'opportunité de sa décision, il se dressait dans le plumard, se tournait vers son épouse et lui disait : "Femme, la nature commande !"
Foutre-cul ! quel style !C'était une grande époque (bien avant la guerre de 14).
Récent disciple de Schopenhauer, le jeune Jean C. négligeait de plus en plus son épouse, pourtant charmante, appétissante et fort portée sur le déduit. Elle exigea des explications. Il lui exposa, citations à l'appui, que, désireux de se détacher de ce monde de volonté et de représentation, il avait décidé de pratiquer jour et nuit le non-vouloir et donc de faire une croix sur l'agitation sexuelle qui, chacun le sait, est la forme à la fois la plus élémentaire et la plus vivace du vouloir-vivre. Ainsi parviendrait-il -- il l'espérait du moins -- à l'extase du néant. En conséquence de quoi il la priait de ne pas circuler dans l'appartement en culotte et soutien-gorge car il travaillait à ne plus s 'apercevoir de son existence, soucieux qu'il était de dépasser le principium individuationis, source, l'a enseigné le Maître, de toutes nos souffrances.
Peu portée de nature sur la méditation philosophique, elle l'assigna devant les tribunaux qui lui accordèrent une indemnité de plusieurs milliers d'euros. Il la paya volontiers, y voyant une occasion supplémentaire de s'infliger une ascèse indispensable à qui veut quitter le monde des phénomènes.
Récent disciple de Schopenhauer, le jeune Jean C. négligeait de plus en plus son épouse, pourtant charmante, appétissante et fort portée sur le déduit. Elle exigea des explications. Il lui exposa, citations à l'appui, que, désireux de se détacher de ce monde de volonté et de représentation, il avait décidé de pratiquer jour et nuit le non-vouloir et donc de faire une croix sur l'agitation sexuelle qui, chacun le sait, est la forme à la fois la plus élémentaire et la plus vivace du vouloir-vivre. Ainsi parviendrait-il -- il l'espérait du moins -- à l'extase du néant. En conséquence de quoi il la priait de ne pas circuler dans l'appartement en culotte et soutien-gorge car il travaillait à ne plus s 'apercevoir de son existence, soucieux qu'il était de dépasser le principium individuationis, source, l'a enseigné le Maître, de toutes nos souffrances.
Peu portée de nature sur la méditation philosophique, elle l'assigna devant les tribunaux qui lui accordèrent une indemnité de plusieurs milliers d'euros. Il la paya volontiers, y voyant une occasion supplémentaire de s'infliger une ascèse indispensable à qui veut quitter le monde des phénomènes.
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phénomène délaissé exposant ses griefs à Msieur le juge |
Il faut accorder à la vérité que Louis-Felipe ne s’était point guéri depuis son enfance de l’habitude de » voguer tantôt à la voile tantôt à la rame « , selon les mots de la Vicomtesse de Chalay, qui ne l’aima ni n’estima jamais. Les remontrances réitérées de la Dauphine — qui, depuis la mort du petit Dauphin Felipe, comptait pour lui autant que beurre de Pont-sur- Orge — glissaient sur lui « comme goutte d’huile sur couenne de verrat », comme le confia un jour son royal père à Madame de Maintenon.
Un matin du printemps de l’an 1703, au débouché du déduit, la Trémouille-Molle avisa au gland de Louis-Felipe une protubérance de la taille et de la couleur d’une pastille de réglisse, fort semblable à celui qu’elle avait déjà remarqué sur le sguègue d’un de ses oncles, peu avant qu’il ne mourût de la grande vérole, l’année de Rocroy. On manda incontinent trois médecins italiens, dont s’était récemment entichée la Maintenon. Bien que fort dépourvus de quartiers de noblesse, les seigneurs Pappini, Peppini et Puppini (c’ étaient cousins à la mode de Toscane) étaient réputés experts au chapitre des maux de Vénus.
Pappini s’avança dès l’abord avec force écoeurantes courbettes, puis se pencha sur le cas de Louis, qui geignait, plus de peur que de mal :
» Tasta… tasta…..tasta….. Vérola !!!
– Ahi ! Facchino ! Incapabile ! A las galerias! Subito!, clama Louis-Felipe, qui ne dédaignait pas à l’occasion de faire sonner le peu qu’il possédait d’ascendance espagnole.
Peppini s’approcha à son tour, entrouillé mais honnête :
– Tasta… tasta…tasta… Gratta… grattina…Verola !!!
– Tu foutra il campo! Nullissimo ! paltoquetto ! Connard !
Peppini s’enfuit, poursuivito à coupos d’éventaglio par la Trémouilla-Molla.
Ne restait plus que le signor Puppini, réputé le plus expériencié et fin matois des trois. Il se saisit de l’en-cas.
– Tasta…tasta…tasta… gratta… gratta… Gusta… Mmmmm… Gusta encora…Mmmm…. Ma ! Un poco di merda !
Lesté de deux grosses bourses à lui lancées par Louis-Felipe, Puppini se retira avec force écoeurantes courbettes.
En accord au moins sur ce point avec la Dauphine, Louis-Felipe arrêta qu’il prendrait désormais un bain annuel, à la Saint-Nicolas, en présence de la Cour. »